Angoisse diffuse
Dans la pâle lumière de l’aube
Fantôme atroce qui rôde
Attraction confuse
Aimant magnétique
Pouvoir morbide attractif
Hypnotisée par le revenant
Se dessine la silhouette d’une enfant
Petite fille brune marche dans la brume
Sans prêter attention aux loups, aux moustiques et aux taons
L’esprit, imperturbable et blanc
Flotte toujours dans l’air, vaporeux et fier
Il ouvre le chemin, il se tait, il n’a besoin de rien
La gamine le suit, à peine ralentie par les orties
Elle ne sait où elle va, elle ne sait pas où on la mène
Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle doit subir ce phénomène
Et toujours, loin au devant d’elle
Se trace une silhouette, imprécise mais réelle
Un gouffre soudain, la plonge dans les ténèbres
Brusquement éveillée, c’est la fin du sortilège
Le fantôme s’est retourné, il tient dans sa main, une faux
La gamine esquive comme elle peut, lâche dans l’action son petit ourson
Peluche tendre dans cette caverne infâme
Elle réussi à parer l' immense lame, mais ne peut esquiver un nouveau jet de couteaux
Atteinte à la jambe, blessée, elle décampe
Le jouet, abandonné, reste dans l’antre.
Le calme est retombé et l’esprit, indemne
A perdu cette petite fille, avec qui il voulait jouer
Il ne lui reste d’elle que cet ourson apeuré
Alors il s’approche, l’examine, le flaire, et finit par le toucher
A son contact le nounours brûle, répand dans l’air de rudes fragments
Qui tous, atteignent le revenant, dans une pluie de vertes étoiles
Et il brûle, il a mal, il gémit et il chiale
Touché à jamais par tous ces bouts de toile.
La petite fille, quant à elle, s’est réfugiée dans le bois
Elle est sortie de sa torpeur mais, en regardant bien, rien ne lui fait comprendre ce qu’elle est venue faire là
Son petit mollet saigne, toujours transpercé par une odieuse lame
Alors, de ses petits doigts agiles, de sa jambe elle retire l’arme
- Ravale ses pleurs,
Serre ses dents de lait et d’ivoire.
Quelque chose, en elle, a disparu à jamais
Il est trop tôt pour le savoir, il est trop tard pour avoir peur
Mais dans son coin, elle attendra son heure
Pour rendre, pointe en avant, ce couteau
Lancé par le revenant.